De l’autel vers le vestibule

Entre le vestibule et l’autel

Dans le deuxième Temple, la distance entre le vestibule et l’autel était de 22 ama(230). En revanche, dans le troisième Temple, cette distance sera de 34 ama. Le calcul est le suivant : la longueur du parvis, depuis le mur est jusqu’au mur du vestibule est de cent ama. Le mizbéa’h étant lui-même long de 32 ama, il reste donc 68 ama. Cette distance est divisée en deux : une moitié à l’est du mizbéa’h et une autre moitié à l’ouest, si bien que la distance allant de l’autel jusqu’au vestibule est de 34 amoth.

Le bassin en cuivre

Au sud de l’espace se trouvant entre le vestibule et l’autel se trouve le bassin en cuivre(231). Ce bassin n’est pourtant pas mentionné dans la prophétie d’Ye’hezqel. Nous allons toutefois résumer les principes fondamentaux de sa nature et de sa structure.
Il est dit dans la Torah(232): “Tu feras un bassin en cuivre, avec son support en cuivre, pour les ablutions ; tu le placeras entre la Tente d’assignation et l’autel et tu y mettras de l’eau. Aaron et ses fils y laveront leurs mains et leurs pieds. Pour entrer dans la Tente d’assignation, ils devront se laver avec cette eau, afin de ne pas mourir ; de même, lorsqu’ils approcheront de l’autel pour leurs fonctions, pour la combustion d’un sacrifice en l’honneur de l’Éternel, ils se laveront les mains et les pieds, pour ne pas mourir. Ce sera une règle constante, pour lui et pour sa postérité, à toutes leurs générations.”
Le bassin est mentionné dans la Torah après tous les autres ustensiles, puisqu’elle n’en parle la première fois que dans la paracha “Ki tissa”, alors que les autres ustensiles du Michkan sont décrits avant(233). Sur ce verset, le Sforno clarifie ce point en expliquant que l’autel en or et le bassin n’ont pas pour fonction de faire régner la Chekhina dans le Temple mais uniquement “de préparer les Kohanim à leur service.”(234). C’est pourquoi, ces ustensiles sont présentés, pour le Sforno, indépendamment des autres
ustensiles saints. C’est dans le même ordre d’idées qu’on expliquera, infra, en quoi le bassin répond à une exigence de purification et de sanctification, alors que les autres ustensiles sont utilisés pour le service divin en tant que tel. C’est la raison pour laquelle le bassin apparaît au terme de la liste des ustensiles du Michkan, conformément à sa fonction particulière le différenciant des autres ustensiles.
Le Rambam fixe la Halakha ainsi(235):
“C’est une mitsva de se sanctifier avec l’eau du bassin, mais si un Kohen s’est sanctifié à l’aide de l’un des autres ustensiles saints, il est kacher… Toutes les eaux sont aptes pour procéder à la sanctification, que ce soit de l’eau vive ou l’eau d’un miqvé, à condition toutefois qu’elles n’aient pas changé d’aspect et qu’elles soient des eaux adaptées à l’immersion rituelle… Combien faut-il d’eau dans le bassin ? Pas moins que la quantité nécessaire pour procéder à la sanctification de quatre Kohanim, comme il est dit: “Aaron et ses fils”, or El’azar, Itamar et Pin’has étant comptés avec lui, ce qui fait quatre… Les eaux du bassin sont invalidées si elles ont passé la nuit à découvert, comme nous l’avons expliqué; et de quelle manière s’y prenait-on ? On l’immergeait dans l’eau d’un miqvé ou dans une source, et le lendemain on l’en ressortait, ou bien, on le remplissait chaque jour, le matin. “En ce qui concerne l’emplacement du bassin dans le parvis, le Rambam écrit(236): “Le bassin et son socle, avec lequel les Kohanim se sanctifient les mains et les pieds en vue du service divin, sont situés entre le oulam et l’autel, du côté sud, c’est-à-dire à gauche en entrant dans le Temple.”

Les marches du vestibule

Comme cela est enseigné dans le traité Midoth(237), à l’entrée du vestibule se trouvent douze marches. Pour le Rambam, il s’agit de douze marches identiques, chacune d’entre elles ayant une hauteur d’une demi-ama et une profondeur d’une am(238). D’où l’on peut déduire que l’espace se trouvant entre le vestibule et l’autel à l’époque du deuxième Temple était de dix amoth, alors que dans le troisième Temple, il sera de vingt-deux amoth(239). Pourtant, d’après un certain nombre de commentateurs, la structure de ces marches est différente. Pour eux, en effet, elle est conforme à celle qui est exposée dans la Michna(240), où il est dit : ” Hauteur, une demi-ama, profondeur, une ama. Une ama, une ama et un palier de trois ; une ama, une ama et un palier de trois. Et la plus haute, une ama, une ama et un palier de quatre. ” Pour le Bartenoura, la structure des marches est composée de groupes de trois marches, de telle sorte que chaque groupe possède deux courtes marches d’une longueur d’une ama, et une troisième marche d’une longueur de trois amoth. D’après ce calcul, les marches occupent un espace de 19 amoth. Le ” Tiféreth Israël ” sur place a un calcul légèrement différent, et il arrive à la conclusion que la longueur totale des marches est de 21 amoth(241).

(230) Traité Midoth, chap.3, Michna 6.
(231) Dans la Michna sur place.
(232) Chemoth 30, 19 ; cf. aussi 40, 31.
(233) L’arche sainte, le candélabre et la table sont mentionnés dans la paracha “Terouma”, alors que l’autel en or apparaît dans la paracha “Tetsavé”.
(234) Il convient de souligner que le fait de mettre le feu aux encens sur l’autel en or n’est pas indispensable puisque, pour la tradition, il est possible de les enflammer sur le sol du Sanctuaire, tout comme les Kohanim ont la possibilité de procéder à la sanctification de leurs mains et de leurs pieds à l’aide de n’importe lequel des ustensiles saints, et pas nécessairement à partir du bassin. Par conséquent, l’un et l’autre sont bien des ustensiles dédiés au service des Kohanim.
(235) Hilkhoth Biath haMiqdach, chap.5, Halakha 10-14.
(236) Hilkhoth Beith haBe’hira, chap.1, Halakha 6
(237) Chapitre 3, Michna 6.
(238) Hilkhoth Beith haBe’hira (chap.6, Halakha 4). D’après cette version, la demi-ama “. Toutefois, selon le manuscrit original tel qu’il est repris par les commentateurs, il s’agirait d’une erreur. Le Méïri a pourtant lui aussi la version portant ” une demi-ama “, tout comme le ” Tsourath haBaïth “, siman 46.
(239) Parce que, dans le troisième Temple, l’espace entre le vestibule et l’avons expliqué plus haut.
(240) Traité Midoth, chap.3, Michna 6.
(241) Si bien que, d’après lui, à l’époque du deuxième Temple, il ne restait plus qu’une seule ama entre l’autel et les marches menant au vestibule.