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Les frontières de la terre d’Israël dans les temps futurs
Il existe une différence fondamentale entre le partage d’Israël à l’époque de Yehochou’a et la manière dont ce partage aura lieu dans le futur, comme cela ressort de la prophétie d’Ye’hezqel. À l’époque de Yehochou’a, en effet, le partage de la terre s’est tenu à l’occasion d’un tirage au sort (goral), chaque tribu ayant reçu une part d’héritage proportionnelle au nombre de ses familles et à sa taille (si bien qu’il y avait, en fonction des tribus, des différences de taille dans les parts d’héritage de la terre). Il est dit sur place(46): “Vous procèderez à l’héritage du pays par le tirage au sort pour vos familles, à celui qui est nombreux, vous augmenterez son héritage, et à celui qui est peu nombreux, tu diminueras son héritage, à celui pour qui sortira le sort ce sera à lui; vous procèderez à l’héritage selon les tribus de vos ancêtres. “Alors que dans les temps futurs, la taille du domaine hérité sera la même pour toutes les tribus, sous la forme de bandes identiques que Rachi compare aux “rangées d’un vignoble” (qu’on se reporte à la photo ci-joint). La dimension de ces bandes, et la manière dont elles seront distribuées, sont commentées aux chapitres 47 et 48, ainsi qu’au début du chapitre 45.
D’après l’explication qu’en donne Rachi(47), la frontière ouest d’Israël est constituée par la grande mer (la Méditerranée). À l’est, la frontière passe par un lieu appelé “Hetlon”, ainsi que par “Tsedada”, des endroits qui ne nous sont plus connus aujourd’hui. Toutefois, d’après ce qu’en dit Rachi sur le verset qui suit, il est possible de situer ces lieux puisque le maître de Troyes précise qu’il existe une ressemblance entre les frontières décrites à l’occasion de la promesse de l’héritage de la terre (paracha Mass’éi) et celles de ces deux chapitres.
Or, on peut lire dans la parachath Mass’éi(48): “De la montagne de Hor, vous obliquerez vers Lavo ’Hamath, et ses confins s’étendront jusque Tsedada. “Dans le Targum Yonathan(49), il est dit que “la montagne de Hor” fait référence aux monts Amanos situés au nord de la Syrie. Et dans le Targum Yérouchalmi, il est expliqué que dans ce verset, “Tsedada” n’est autre que” Lavo ’Hamath”(50) appelé aussi Antioche(51) (qu’on se reporte à la photo).
La frontière est du pays dans les temps futurs s’étend depuis ’Havran et Damas (comme cela a été dit dans le verset précédent) jusqu’à la mer orientale qui n’est autre que la mer Morte(52). Il est dit aussi à propos de ces frontières, lors de la promesse(53): “La frontière descendra vers le Jourdain, la frontière jordanienne, et ses confins s’étendront jusqu’à la mer Morte, cela sera pour vous le pays, selon ses frontières, tout autour.”
La frontière sud-est du pays va de ” Tamar” qui, pour Rachi, correspond à Jéricho, la ville des palmiers(54), jusqu’aux Eaux de ” Mérivoth-Qodech” et au désert de Tsin. À partir de là, la frontière s’étend vers le sud en direction du fleuve d’Egypte se jetant dans la mer Méditerranée. A priori, il y a lieu d’affirmer que cette frontière touche la pointe inférieure du désert du Sinaï (qu’on se reporte à la photo correspondante).
À l’ouest, se trouve la grande mer (la Méditerranée) et la frontière se prolonge jusqu’au mont Hor (les monts Amanos, comme cela a été dit au verset 15).
La grande originalité exprimée dans la prophétie d’Ye’hezqel(55) c’est le fait que, dans les temps futurs, les convertis s’associeront au peuple Israël selon la tribu dans laquelle ils se sont fixés alors qu’ils se trouvaient encore en exil. L’idée que les convertis recevront une part d’héritage dans la terre d’Israël constitue une nouveauté qui n’a pas son égal dans le partage de la terre.
La manière dont aura lieu la distribution de l’héritage des tribus dans les temps futurs
La taille des parts d’héritage n’est pas explicite dans les versets de la prophétie. Rachi cite les textes de la tradition qui le déduisent de ce qui est écrit au début du chapitre 48: “Dan, une part”, “Acher, une part”, etc. À savoir que la longueur de chaque bande du nord au sud sera de vingt- cinq mille cannes, ce qui correspond à soixante-quinze mils (environ soixante-quinze kilomètres).
Cette longueur a été retenue du fait que seule la taille de l’offrande de sainteté (où se trouvent Jérusalem et le Temple, comme cela est dit ensuite, verset 8-10) est explicite. Or, puisqu’elle constitue l’une des treize bandes de partage identiques de la terre d’Israël, la taille de chaque bande revenant aux tribus est donc la même que celle de l’offrande de sainteté. On se souviendra aussi du fait que la longueur de chaque bande d’est en ouest est variable, puisqu’elle est fonction des frontières mêmes d’Israël telles qu’elles ont été définies lors du partage.
L’ordre dans lequel est faite la distribution des parts d’héritage est précisé dans les versets(56): la tribu de Dan, Acher, Naftali, Menaché, Efraïm, Réouven, Yehouda, la “bande de sainteté” (comprenant Jérusalem, le Temple et la part laissée au prince(57)), Binyamin, Chim’on, Issakhar, Zevouloun, Gad.
Description de l’espace imparti à “la bande de sainteté”
Comme nous l’avons vu plus haut, la septième bande parmi les 13 parts d’héritage des tribus c’est la ” bande de sainteté ” dans laquelle se trouvent Jérusalem et le Temple. Ce territoire constitue la ligne de démarcation entre la part d’héritage de Binyamin et celle de Yehouda(58). Or, il est intéressant de remarquer qu’à l’époque du premier et du deuxième Temple, la frontière entre les parts d’héritage de ces deux tribus passait alors à l’intérieur du parvis du Temple, alors que pour la prophétie d’Ye’hezqel, l’espace réservé au Temple constitue un territoire à part entière.
Rachi(59) explique que la largeur de la “bande de sainteté”
d’est en ouest, est de soixante-quinze mils, comme l’est sa longueur, du nord au sud. Cette “bande de sainteté” comporte trois parties:
1. Une bande dédiée au Temple ainsi qu’aux Kohanim d’une longueur de 75 mils, d’est en ouest, et de dix mille mils du nord au sud.
2. Une bande réservée au Léviim, dont la taille est la même que celle de la “bande des Kohanim”(60).
3. Dans la partie sud de la ” bande de sainteté, se trouve une bande d’une longueur de cinq mille cannes (du nord au sud) dédiée à la ville de Jérusalem. Cette partie de la “bande de sainteté” est profane, et elle est réservée au logement du reste du peuple à l’intérieur de la ville(61). L’une des différences les plus marquées distinguant la période du premier et du deuxième Temple, de ce qui est dit dans la prophétie d’Ye’hezqel, c’est la répartition des parts d’héritage des tribus. À l’époque
de Yehochou’a, Jérusalem était située au nord du domaine réservé à la tribu de Yehouda, alors que dans le verset, il est écrit que Jérusalem se trouve au cœur des tribus. Rachi(62) explique que le partage dans les temps futurs est particulier. De plus, les membres de la tribu de Yehouda étaient si nombreux qu’on associa à leur part d’héritage celle de la tribu de Chim’on. Alors que, dans le futur, la bande de territoire impartie à Yehouda sera plus étendue du nord au sud, et elle sera suffisamment grande pour contenir l’ensemble de la population de la tribu de Yehouda.
La bande dédiée aux Kohanim
Comme nous venons de l’expliquer, la partie nord de la “bande de sainteté” qui est d’une longueur de dix mille cannes est réservée aux Kohanim, et c’est en son centre que se dresse le Temple. Ce territoire est aussi nommé la “la saint des Saints”(63), ou encore : une “offrande”(64).
Rachi(65) explique qu’à l’est du Sanctuaire se trouve un terrain d’une longueur de 12, 250 cannes, et autant à l’ouest du Sanctuaire. Ce qui signifie que le territoire des Kohanim entoure le Sanctuaire de tous les côtés (qu’on se reporte au schéma correspondant). Cet espace appartient aux Kohanim, descendants de Tsadoq, et ce, en vertu de leur mérite(66).
La “bande dédiée aux Léviim” et le “domaine de la ville”
Comme nous l’avons déjà vu plus haut, le territoire des Léviim est frontalier à celui qui est réservé aux Kohanim, et il est de la même taille, soit d’une longueur de dix mille cannes (qu’on se reporte au schéma). Si l’on y réfléchit, on verra qu’a priori, cet espace est aussi celui dans lequel sont situées les quarante-deux villes des Léviim qui existaient à l’époque du partage de la terre entre les tribus. Cinq mille cannes au sud de la ” bande de sainteté ” sont réservées à un usage profane.
La ville elle-même(67) est située au milieu de cet espace profane dont la taille est de 4500×4500 cannes. Autour de la ville, il y a une bande d’une largeur de 250 cannes, entourant la ville de tous côtés. Cet espace est appelé le “terrain”, en référence au fait qu’il constitue un territoire vide(68).
À l’est et à l’ouest, se trouve une superficie de dix mille cannes. L’utilisation de cet espace est laissée aux artisans de la ville, comme cela est exposé dans les prochains versets. Cet espace est réservé aux artisans de la ville qui, d’après Rachi, ne sont autres que les Guiv’onim officiant à titre de bûcherons et de puiseurs d’eau(69). Mais dans un autre endroit(70), Rachi explique que les artisans de la ville proviennent de toutes les tribus d’Israël.
La part du prince
A l’est et à l’ouest aussi de l’espace réservé aux Léviim, il s’agit du territoire dédié au prince(71). Cet espace s’étend, à l’ouest, jusqu’à la mer, et à l’est, jusqu’à l’extrême limite du partage de la terre. La limite du Sanctuaire se trouve au centre de la part dont hérite le prince (qu’on se reporte au schéma correspondant)
Les portes de Jérusalem dans les temps futurs
Les portes de la ville de Jérusalem sont appelées dans le verset(72), “les issues de la ville”.
De chaque côté de la ville se trouvent trois portes(73):
Au nord : la porte de Réouven, la porte de Yehouda et la porte de Lévi.
À l’est : la porte de Yossef, la porte de Binyamin et la porte de Dan.
Au sud : la porte de Chim’on, la porte de Issakhar et la porte de Zevouloun.
À l’ouest : la porte de Gad, la porte de Acher et la porte de Naftali.
Le verset qui clôt la prophétie d’Ye’hezqel concernant le Temple des temps futurs traite du périmètre de la ville, soit dix-huit mille cannes. La conclusion est “et désormais le nom de la ville sera “Hachem Chama” ! “Rachi explique que le nom original de Jérusalem est composé du nom que la ville porte depuis la ligature d’Yits’haq “Yiré – Il verra” et de celui qui était connu jusqu’alors : “Chalem “, l’union de ces deux noms constituant celui de la ville “Yerouchalaïm”. Il existe une autre manière de comprendre ce nom : dans le futur, Jérusalem sera appelée “Hachem Chama”, parce que tel est le nom du lieu où réside la Chekhina.
Reste un point à éclaircir car, d’après les versets, dans les temps futurs, la ville de Jérusalem sera éloignée du Temple. Or, cela est en contradiction avec l’assertion des Sages concernant les trois niveaux de sainteté de chaque circonscription réservée aux Israël, aux Léviim et à la Chekhina, et se trouvant à l’intérieur de Jérusalem. Peut- être est-il possible de dire qu’il existe une différence entre la ville affectée aux besoins profanes, et Jérusalem où se trouve la résidence de la Chekhina(74).
(53) Bamidbar 34, 12.
(54) Pour que la frontière ne soit pas plus petite que celle exposée dans la Torah, on est forcé de dire que cette région comprend aussi la vallée de Jéricho qui se trouve également de l’autre côté de la mer Morte
(55) Chapitre 47, versets 22-23.
(56) Chapitre 48, versets 1-7 ainsi que 23-28.
(57) Qu’on se reporte à l’explication qui en est faite plus loin.
(58) Chapitre 48, verset 29.
(59) Chapitre 48, verset 8.
(60) Chapitre 48, verset 13.
(61) Chapitre 48, verset 15.
(62) Chapitre 48, verset 8.
(63) Chapitre 48, verset 13.
(64) Chapitre 48, verset 12.
(65) Chapitre 48, verset 10.
(66) Chapitre 48, verset 11.
(67) Chapitre 48, verset 16.
(68) Chapitre 48, verset 17.
(69) Il convient d’approfondir la question de savoir si ceux qui sont visés, ici, ce sont bien les Guiv’onim qui vivaient à l’époque du partage de la terre, ou bien s’il s’agit d’ouvriers dont la fonction est identique à celle qu’avaient alors les Guiv’onim.
(70) Chapitre 48, verset 19.
(71) Chapitre 48, verset 21.
(72) Chapitre 48, verset 30.
(73) Chapitre 48, versets 31-35.
(74) On consultera le livre ״Or Eliahou״sur le commentaire que le Gra a donné de la prophétie d’Ye’hezqel, p.132, note 3.
Extrait du livre “Trésors du Troisième Temple”, du Rav Mena’hem Makover
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