Quand la prophétie sur le troisième Temple a-t-elle eu lieu?

Il est dit au début de la prophétie d’Ye’hezqel à propos du Temple futur(15) : ״La vingt-cinquième année de notre exil, au commencement de l’année, le dix du mois, quatorze ans après la ruine de la ville, en ce même jour, la main de l’Eternel se posa sur moi, et Il me transporta là-bas.״ Comme nous l’avons expliqué plus haut, entre l’exil de Yehoyakhin (et du prophète Ye’hezqel) et la destruction du Temple, onze années ont passé. Si bien que la quatorzième année après la destruction du Temple, telle qu’elle est mentionnée dans le verset, correspond aussi à la vingt-cinquième année de l’exil Yehoyakhin. C’est cette année-là que Ye’hezqel prophétise la reconstruction du Temple des temps futurs.
En vertu de ce qui est dit dans le verset, cette prophétie a eu lieu le jour de Roch Hachana. Pourtant, d’un autre côté, il est dit dans le verset que cette prophétie a été dite le dix du mois. Or, étant donné que Roch Hachana coïncide avec le 1er Tichri, il n’est pas possible que la prophétie ait été dite le dix du mois ! La Guemara(16) explique que cela est venu nous enseigner que cette année-là correspondait à celle du yovel(17), la nouvelle année d’un yovel ayant lieu le dix du mois. Ce jour-là, le Beth Din sonne du chofar, les esclaves sont libérés et rentrent chez eux, et les champs reviennent à leurs propriétaires d’origine. Il est dit, en réalité, que quatorze ans après la destruction du premier Temple, c’était l’année du yovel ; le Temple a donc été détruit l’année suivant immédiatement l’année de la chemita(18).
Le Radaq l’explique de cette manière : ” Tout comme on lui avait montré la destruction du Temple, on lui dévoile maintenant l’existence du Temple futur(19) afin d’apporter, grâce à cette prophétie, la consolation à la maison d’Israël en exil. Car non seulement leur espérance ne sera pas vaine, mais les enfants d’Israël retourneront aussi sur leur terre et ils s’y installeront en toute tranquillité et le Temple sera plus impressionnant qu’il ne l’a jamais été. “En d’autres termes : le but de cette prophétie est d’éveiller les consciences d’Israël à la délivrance future et, au plus profond de l’exil, de susciter dans leur cœur l’idéal du Temple reconstruit. Il est possible d’affirmer que cette prophétie a été révélée à Ye’hezqel l’année du Yovel précisément, cette circonstance particulière étant une allusion à l’espoir d’une libération future en réponse à la destruction du Temple. La liberté éternelle du Yovel constitue ainsi la rémission de la catastrophe, à la sortie de l’année de la chemita.
Dans la continuité de ce qui vient d’être dit, le Radaq écrit dans un autre endroit de son commentaire(20): “Ils garderont toute l’architecture…, et ils les exécuteront”; “Ils garderont” – dans leur cœur, en étant persuadés que c’est effectivement ce qui se passera, pour réaliser, dans le futur, les mêmes édifices, selon leur plan et leur architecture. Parce que s’ils ne les gardent pas dans leur cœur et qu’ils n’y accordent pas foi, ils ne les exécuteront pas. Telle est en effet la conduite du Saint béni soit-Il, qui fait payer l’homme, mesure pour mesure. Quiconque a foi en la venue du libérateur aura le mérite de vivre la délivrance future. Mais s’il n’y croit pas, il n’aura pas ce mérite. De même, quiconque a foi en la résurrection des morts, aura le mérite d’y assister. Mais s’il n’y croit pas, il n’y assistera pas. Il n’est par ailleurs pas possible d’expliquer l’expression “et ils les exécuteront” en référence au deuxième Temple, lorsque la population exilée retourna en terre sainte, parce qu’il y a un grand nombre de choses dans cette construction que l’on ne trouve pas dans le deuxième Temple. Force est donc de reconnaître qu’il est ici question de la reconstruction future. Ainsi, lorsqu’il est dit “et ils les exécuteront”, cela constitue une preuve pour la résurrection des morts.”
En d’autres termes : pour le Radaq, c’est la génération de l’exil de Bavel qui aura, elle-même, le mérite de construire le Temple et de vivre la résurrection morts ! Et, là aussi, il est permis de dire que cela concerne précisément l’année du Yovel, l’année de la libération éternelle.