L’inauguration du Temple dans les temps futurs

[18]Il est souhaitable de commencer par la formidable introduction du Malbim à ces versets, et dans laquelle il en donne la signification. En résumé, le Malbim met en évidence en quoi les versets qui vont suivre traitent de sacrifices qui n’existaient pas par le passé, comme c’est le cas du sacrifice apporté par le prince, la veille de Pessa’h, des sacrifices complémentaires (moussaféi) de Pessa’h, sept taureaux et sept béliers, au lieu des deux taureaux, de l’unique bélier et des sept agneaux, dont il est question dans la Torah, etc. Le Malbim suit en cela l’opinion d’Abravanel pour qui les sacrifices décrits ici sont ceux qui seront apportés lors de l’inauguration du troisième Temple. À l’époque de Moché aussi, et d’Ezra, ces sacrifices furent différents des autres, conformément à une instruction ponctuelle.
Pour le Malbim, la période de consécration de l’autel durera cent quatre-vingt-dix jours. Depuis la fête de Pessa’h jusqu’à Chemini ’Atséreth, parce que la guéoula aura lieu à Pessa’h et prendra fin pendant Soukoth, lorsqu’éclatera alors la guerre de “Gog ouMagog”. Le décompte des jours est le suivant: à l’époque de Moché, sept jours de consécration, à l’époque de Chelomo, quatorze, à celle d’Ezra, vingt-et-un. Ce qui signifie que sept jours sont ajoutés à chaque fois et que, par conséquent, lors de l’inauguration du troisième Temple, il y en aura 28. Pourtant, étant donné que les jours anciens de la consécration n’ont pas duré, il convient d’en réaliser autant en contrepartie (soit 7, 14 et 21) auxquels s’ajoutent les 28 jours propres au troisième Temple, soit en tout soixante- dix jours. Or, à l’époque de Moché, 12 jours furent aussi consacrés à l’intronisation des princes (et ce, bien qu’on ne le fît pas à l’époque de Chelomo et d’Ezra, puisque la période ne s’y prêtait pas), il aurait alors fallu en faire 24 à l’époque de Chelomo et 36 à l’époque d’Ezra, et lors de l’inauguration du troisième Temple, 48 ; ce qui fait en tout cent vingt jours. Au total, cent quatre-vingt-dix jours, qui vont de Pessa’h à Chemini ’Atséreth ! D’après cela, il ressort aussi que les deux opinions concernant l’heure de la guéoula, quant à la question de savoir si elle aura lieu pendant le mois de Nissan ou pendant celui de Tichri, sont les deux faces d’une seule et même médaille. Les sacrifices apportés entre le 23 Adar et Roch ’Hodech Nissan auront pour but de purifier l’autel(190). À partir de cette date jusqu’au 14 Nissan, il s’agira de purifier l’édifice (comme cela est exposé dans le détail dans les prochains versets), et alors seulement débuteront les jours d’inauguration du Temple.
D’après Rachi, notre verset parle du taureau des jours de consécration de l’autel qui sera apporté le premier Nissan, lors de l’inauguration de l’édifice. Ce taureau a pour but la purification du Sanctuaire. Pour le Radaq, le mois de Nissan est le mois de la guéoula, et c’est le Roch ’Hodech de ce mois-là qu’aura lieu l’inauguration de l’autel des sacrifices. Comme il l’écrit: “Lorsqu’il est dit que c’est en Nissan que nous serons délivrés dans le futur, l’intention n’est pas de nous apprendre que nous sortirons de l’exil à Nissan, mais que nous en sortirons avant, et que nous nous élèverons alors jusqu’à ce que soit achevée, le premier Nissan, la construction du Temple; nous effectuerons alors l’inauguration de l’autel le premier Nissan(191). Comme cela s’est passé avec le Michkan: c’est le premier Nissan qu’Aharon entama le service de l’autel, à cette différence que sept jours de consécration le précédèrent, pendant lesquels c’est Moché qui exerça… C’est pourquoi, l’Éternel dit: “…tu prendras un jeune taureau sans défaut et tu feras l’expiation du Sanctuaire”. ” Le Malbim explique par ailleurs que, de la même manière que le taureau des jours de consécration à l’époque du Michna constituait un sacrifice expiatoire, ce sera aussi le cas dans les temps futurs.

[19]D’après le Malbim, avec le sang du sacrifice expiatoire, on aspergera les montants du Sanctuaire (heikhal) et du vestibule (oulam), les angles tout autour de l’autel, ainsi que les trois portes du parvis intérieur. Telle est la forme que prend le sacrifice de purification du Temple.

[20]Ainsi que l’ecrit Rachi, il est dit dans notre verset qu’au cours des sept jour de consécration de l’autel, celui-ci sera purifié(192). Et les enfants d’Israël pourront ensuite apporter leurs propres sacrifices expiatoires et leurs offrandes délictives en vue d’obtenir le pardon.
Pour le Malbim toutefois, après s’être engagés dans le processus de purification de l’édifice à Roch ’Hodech, ils apporteront un second taureau expiatoire. Le septième jour du mois, le premier taureau, en vue du pardon des fautes intentionnelles, et le second pour celles effectuées par inadvertance.
Pour le Radaq, la purification de l’autel et de l’édifice pendant les sept premiers jours du mois répond au fait que, à cause de l’allégresse accompagnant l’inauguration de l’autel, quelqu’un risque d’entrer là où il n’a pas le droit de se trouver. Rachi et le Radaq citent les mots du traité Mena’hoth(193) expliquant le verset dans le cadre d’une situation où la majorité des tribus d’Israël (soit sept) ont agi conformément à l’instruction de leur Beith Din leur ayant permis une chose interdite. Celles-ci ont alors l’obligation d’apporter un sacrifice “pour ce qui a été ignoré” (élem davar), et ce, bien qu’il s’agisse là de la majorité de la communauté (tsibour) (c’est-à-dire de la majorité des tribus) et non de la majorité de l’assemblée (qahal).

[21] En ce premier mois, le quatorzième jour du mois, aura lieu pour vous le Pessa’h, une fête de semaines de jours, pendant lesquels on mangera des matsoth. [22] Le prince offrira, ce jour-là, pour lui et pour tout

le peuple du pays, un taureau comme expiatoire. [23] Les sept jours de la fête, il offrira en holocauste à l’Éternel, sept taureaux et sept béliers sans défaut, par jour, pendant sept jours ; et un expiatoire, un bouc par jour. [24] Pour oblation, il présentera une éfa [de farine] par taureau et une éfa par bélier, avec un hin d’huile par éfa. [25] Au septième mois, depuis le quinzième jour du mois, lors de la Fête, il procédera pareillement durant sept jours : même expiation et même holocauste, même oblation et même [quantité] d’huile.

[21]Dans ce verset,l es enfants d’Israël reçoivent l’ordre d’accomplir les mitsvoth de Pessa’h conformément à la loi. D’après Rachi, il est dit une fête “de semaines de jours”, parce que c’est à partir de cette date que commence le compte du ’omer.
Le Malbim explique que, même si l’inauguration du Temple aura lieu la veille de Pessa’h, toutes les mitsvoth du jour seront malgré tout respectées comme la loi l’exige.

[22]Ce verset est l’un des plus difficiles du chapitre, car le prince y reçoit l’ordre d’apporter le 14 Nissan un taureau expiatoire. D’après le Malbim, ce sacrifice constitue l’un des sacrifices présentés lors de l’inauguration du Temple qui débute ce jour-là. Le but de ce sacrifice est d’apporter le pardon au prince, mais aussi purifier la terre.

[23]Ce verset est aussi difficile, puisque pendant les jours de la fête de Pessa’h, on apporte pour les sacrifices complémentaires (moussafim) un taureau et un bélier chaque jour. Pour Rachi, sept béliers et sept agneaux sont en tout apportés durant les jours de Pessa’h.
Selon le Malbim, il s’agit ici de sacrifices particuliers, propres à l’inauguration du Temple, qui sont apportés pendant les jours de Pessa’h.

[24]L’oblation est apportée avec le taureau à mesure d’une éfa (un dixième) et elle ne nécessite pas ce qui est précisé dans la Torah, à savoir qu’il faut apporter pour le taureau trois dixièmes. Rachi répond à cette contradiction en expliquant qu’à partir de la quantité de farine d’une éfa, il est possible de produire un dixième de éfa de fleur de farine. Rachi précise par ailleurs qu’en ce qui concerne la “éfa” du bélier, il faut comprendre qu’il est question de tamiser deux dixièmes de fleur de farine à partir de trois éfa. À propos de la fin du verset, le hin d’huile par éfa, Rachi explique que dans l’ustensile servant à mesurer le hin (l’une des mesures en cours dans le Temple), il y avait des marques de graduation, grâce auxquelles on calculait la quantité d’huile nécessaire pour chaque sacrifice.
D’après le Malbim, dans le cadre des sacrifices propres à l’inauguration du Temple, on apportera aussi une oblation d’une mesure différente, que ce soit dans la quantité d’huile (un hin, ce qui correspond à douze log) ou dans la quantité de fine fleur de farine (un dixième).

[25]Selon le sens premier du verset, le septième mois aussi, pendant la fête de Soukoth, on apportera les mêmes sacrifices mentionnés plus haut à propos de la fête de Pessa’h. C’est ce qu’écrit le Radaq, soulignant que c’est là l’une des originalités des temps futurs (à l’exception de Chemini ’Atséreth où, semble-t-il, il s’agira des mêmes sacrifices que ceux qui sont exposés \dans la Torah). Aux yeux du Malbim, l’inauguration du Temple durera jusqu’à la fin de Soukoth, jusque Chemini ’Atséreth, comme cela a été vu plus haut, sur le verset 18.