Quand Rabban Gamliel, Rabbi Eléazar ben Azaria, Rabbi Yehochoua et Rabbi Akiva s’approchèrent du Mont du Temple, ils virent un renard sortant de l’endroit où était situé le Saint des Saints. Les premiers commencèrent à pleurer, alors que Rabbi Akiva riait.
Pour expliquer son rire, il leur dit : « Il est sûr que se réalisera la prophétie de Zacharie (8,4) : "Les vieux et les vieilles s’assiéront encore dans les rues de Jérusalem, et les artères de la ville seront pleines de garçons et de filles qui joueront dans ses rues." » (Makot 24b).
Les collègues de Rabbi Akiva voyaient une succession de malheurs et pleuraient. Comment retenir ses larmes, devant les lieux saints d’Israël transformés en terrain de jeu pour les impies, devant le Mont du Temple et le Saint des Saints, devenus repaire des renards ?
Rabbi Akiva, lui, riait. Il voyait ce que les autres voyaient mais il voyait aussi ce qu’eux ne voyaient pas. Plus la tragédie est grande, plus l’avenir est réjouissant. Dieu pouvait-il compenser une telle déchéance par un retour discret ? Une si grande destruction par la construction de baraques et l’assurance d’une survie ?
Non, Par L’intensité de la tragédie, Dieu annonçait un avenir glorieux ; Rabbi Akiva pouvait rire d’une joie confiante. Le peuple d’Israël ne vit pas dans le présent ; pour lui le passé est une cartographie du futur. Nous prions la nuit pour continuer le culte divin de la journée, conscients que les ténèbres engendrent la lumière et que plus sombre est la nuit, plus brillante sera la lumière.
Ainsi, nous enseigne le Maharal, il faut observer les événements de la vie : non seulement dans ce qui se révèle à l'œil, mais aussi dans ce qu'ils contiennent pour l'avenir à venir. (Maharal ; Beth Aharon)
Selon les propos du Rabbin Nosson Scherman, Meguilat Eikha